La Chine et l’UE ont signé fin décembre un accord de principe d’ouverture mutuelle des marchés. Cet accord politique a été scellé pendant une visioconférence entre le président chinois Xi Jinping, les dirigeants de l’UE Ursula von der Leyen et Charles Michel, ainsi que la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron. Sa signature officielle aura lieu dans le futur.
Un accord signé dans les deux ans
Les négociations de l’accord Global sur les Investissements qui avaient commencées en 2014 se sont intensifiées fin 2020, sous l’impulsion d’Angela Merkel, à l’approche de la fin de son mandat à la présidence tournante de l’UE.
Cet accord de principe donne un délai de deux ans à l’UE et à la Chine pour finaliser les négociations et s’accorder sur le texte final. Ce dernier devra ensuite être soumis à l’approbation du Conseil de L’UE et du Parlement européen.
Le futur accord a pour but d’offrir une plus grande ouverture du marché chinois aux entreprises de l’Union européenne. Il permettra aussi de moderniser et de remplacer les accords commerciaux bilatéraux signés par la Chine et les différents États membres. Enfin, il garantira un meilleur équilibre dans les relations commerciales entre la Chine et les pays membres de l’UE.
Les objectifs principaux de l’accord final
En signant le traité, les parties s’engagent à garantir aux investisseurs de l’UE un meilleur accès à l’économie chinoise et à permettre aux entreprises de l’UE d’acquérir des entreprises ou d’en créer de nouvelles dans des secteurs clés de l’économie chinoise. Elles s’engagent également à contribuer à la mise en place de conditions de concurrence équitable pour les entreprises de l’UE en Chine et à permettre la mise en œuvre effective du règlement des différends.
Enfin, la Chine s’engage à établir des règles sur les entreprises publiques et à garantir la transparence des subventions.
Des avis mitigés
L’accord sur les investissements fait débat. Bien que la Chine promette dans celui-ci d’offrir « un accès sans précédent » aux entreprises européennes tout en renforçant ses efforts contre le travail forcé, il a suscité de nombreuses critiques. La cause des Ouïgours est en effet l’un des points sensibles dans ces négociations. Plus d’un million de membres de la minorité musulmane ouïgoure serait soumise au travail forcé. Ainsi malgré la promesse faite par la Chine de respecter les conventions de l’Organisation internationale du travail, de nombreux eurodéputés s’inquiètent encore. « Aucun témoin extérieur ne peut pénétrer dans les usines qui exploitent des esclaves ouïgours. Donc c’est juste des mots », a déclaré l’eurodéputé français Raphaël Glucksmann à l’Agence France-Presse.
Autre controverse liée à l’accord : Joe Biden avait expliqué vouloir réunir une communauté de nations démocratiques de Tokyo à Canberra, en passant par Londres et Bruxelles, notamment pour discuter de la montée en puissance chinoise sur le plan stratégique comme sur le plan économique. Jake Sullivan, futur conseiller pour la Sécurité nationale, avait également indiqué que la nouvelle équipe « accueillerait avec satisfaction des échanges avec nos partenaires européens sur nos préoccupations communes face aux pratiques économiques chinoises ». Ainsi, la chancelière allemande aurait préféré l’ignorer, sous la pression de grandes entreprises qui espèrent tirer profit de cette ouverture mutuelle des marchés.
Cet accord de principe n’est que le début. L’accord devant être ratifié d’ici à 2022, de longs débats se profilent encore sur la situation des droits de l’homme en Chine, sur le respect des droits du travail et sur les ambitions géopolitiques de la Chine en Asie, de Taiwan aux îles de la mer de Chine.
Jeanne G