Le secteur aérien est souvent méconnu. On prend l’avion pour se rendre en voyage ou en déplacement professionnel. Mais l’aérien n’est pas que le transport de passagers, c’est aussi le transport de fret comme des colis, des produits pharmaceutiques, des pièces industrielles, …
Aujourd’hui, en France mais aussi en Europe, il existe des milliers d’aéroports qui accueillent chaque jour des avions de ligne ou des avions cargos. Ces aéroports font vivre l’économie locale ou régionale, car ils embauchent des centaines de personnes dans différents domaines de compétences. Mais il n’y a pas que les aéroports qui créent de l’emploi, il y a aussi les compagnies aériennes qui exploitent les milliers d’avions qui volent chaque jour en Europe.
Avec la crise du COVID-19, le secteur de l’aérien a subi un choc depuis mars 2020. Et les derniers mois qui viennent de s’écouler n’ont pas été bons pour les compagnies aériennes en général. Les mois s’annoncent tout aussi sombre et la tendance n’est pas à une reprise avant l’été 2021.
En pratique, comment les compagnies et aéroports se sont organisées ? Comment voient-ils l’avenir ? L’annonce d’un vaccin produit par plusieurs entreprises et efficace à près de 95 % et les campagnes de vaccination qui ont débutées fin 2020 vont-elles accélérer la reprise quasi complète du trafic aérien ?
Depuis le début de l’année 2020, le secteur aéronautique mondial est quasiment à l’arrêt, le premier confinement en France, et en Europe en mars dernier, puis la 2ème vague depuis le 3ème trimestre de 2020 a cloué au sol des milliers d’avions et de passagers à travers l’Union Européenne.
Mais les compagnies aériennes ne sont pas les seules victimes de cette crise sans précédente et qui touche le monde entier. Les aéroports qu’ils soient nationaux ou régionaux sont aussi touchés, les millions de voyageurs.
Pour Gilles TELLIER, ancien directeur dans plusieurs aéroports français et maintenant Directeur des Concessions Aéroportuaires de la CCI de Brest, l’impact du COVID « n’est pas un incident de parcours » à contrario des autres incidents de parcours que le secteur a connu dans les précédentes décennies comme le 11 septembre 2001 ou la Guerre du Golfe en 1991,on peut dire que l’année 2020 va être l’année 0 du transport aérien ».
Mais cette crise qui est d’une ampleur inédite, qui ne touche pas que le transport aérien en Europe mais dans le monde entier, c’est une révolution industrielle, car elle est universelle. Personne n’était préparé à une crise de cette ampleur mais les quelques faillites comme la compagnie AigleAzur, compagnie aérienne française ou encore Flybe, l’ex-compagnie aérienne anglaise pouvait mettre la puce à l’oreille sur le fait que « certains modèles, ou même plus généralement l’économie étaient à bout de souffle et que n’est forcément une solution en soit »
8 mois après le début de cette crise, le secteur aérien est encore fortement ralenti en ce début d’année 2021 et notamment dans le transport de passagers. Le transport de passagers est bien entendu le plus touché par rapport au transport de fret.
Ironie du sort, lui qui est rentré il y a quelques semaines d’Abu Dhabi après une mission au profit des aéroports régionaux de l’Emirat d’Abu Dhabi à bord d’un Boeing 777-300 qui peut transporter jusqu’à 400 passagers … n’en contenaient sur ce vol qu’une quinzaine de passagers.
Avec le COVID, c’est plus généralement, c’est la mobilité entre les Etats, avec de nouvelles règles sanitaires mais aussi parfois politique. L’impact de cette crise en elle-même va être une révolution car tout va être à reconstruire, quasiment de zéro.
En effet, le COVID va également avoir un impact sur notre façon de voyager, et ce que l’on voit en ce moment, c’est « une correction sévère dans le transport aérien, mais c’est peut-être une réponse nécessaire à une croissance qui a été insolente ». Beaucoup de compagnies aériennes notamment les compagnies low-cost comme EasyJet par exemple mais également les aéroports ont enregistré depuis 2015, une croissance exponentielle qui s’est brusquement arrêtée avec cette crise. La crise sanitaire actuelle n’est « qu’un facteur d’accélération de ce rééquilibrage » dans ce secteur.
Quelles perspectives pour le secteur ?
A l’échelle nationale, il y a également une redistribution des cartes vis-à-vis des grands aéroports et des compagnies aériennes après cette crise qui n’est pas seulement sanitaire mais également une crise sociale et idéologique. En effet, la montée en puissance depuis quelques années du « Flygsam » ou la honte de prendre l’avion a aussi eu un impact sur la reprise du trafic en Europe.
Quant aux perspectives d’avenir du transport aérien, l’année 2021 sera très certainement sur la même lignée que l’année précédente, avec une reprise très progressive au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie, « probablement au début de l’été 2021 avec l’ouverture des bulles sanitaires dans les pays européens ». Mais il n’y aura pas de reprise franche et massive tant que le COVID sera présent ou tant que le vaccin n’aura pas un effet positif sur la reprise des voyages. Et pourquoi pas la généralisation « d’un document de vaccination en bon et due forme pour s’assurer que le transport aérien est sain »
Pierre VINCENT