C’est le 16 novembre 2023 qu’a eu lieu le second vote sur la proposition de loi de la Commission européenne pour renouveler l’autorisation du glyphosate pour 10 années supplémentaires. Après un premier vote non concluant le 13 octobre 2023, l’autorisation du glyphosate a finalement été acceptée jusqu’en 2033.
Un produit controversé
Le glyphosate, ce pesticide largement utilisé au sein de l’agriculture, est devenu tristement célèbre au cours de ces dernières années. Son impact sur la santé des humains et sur l’environnement semble être mis en cause.
Des individus et associations ont dénoncé les répercussions de cet herbicide sur la santé et l’environnement. Le dernier scandale en date est celui de 5 400 Français ayant porté plainte pour mise en danger de la vie d’autrui suite à la constatation de la présence du glyphosate dans leurs urines. Cependant, en septembre dernier, le parquet de Paris a décidé de tout classer sans suite.
Aussi, le consensus scientifique INRAE alerte. Ce groupe indépendant ayant étudié la toxicité du produit, affirme “Si les évaluations européennes reposaient sur la science, le glyphosate serait interdit depuis des décennies”.
Seulement, en juillet 2023, une étude de l’EFSA (l’autorité européenne de sécurité des aliments), estime l’herbicide comme inoffensive pour l’Homme, l’animal et la nature. Ces études étant fournies par les industriels producteurs de cet herbicide, ont vivement été critiquées par les associations environnementales, comme “FoodWatch” ou “GreenPeace”.
Ce sujet devient même un intérêt public. Illustré notamment par la création d’une pétition ayant rassemblé plus de 600 000 signatures : “En finir avec le glyphosate en Europe…enfin !”
La France ne trouve pas un positionnement clair
Rappelons-nous, lors de la campagne présidentielle de 2017, l’une des promesses de l’actuel président Emmanuel Macron, était de cesser l’utilisation du glyphosate d’ici 2021.
Mais depuis, il semblerait que cette problématique ait été remise en question.
En Janvier 2022, il s’exprime au Parisien : « C’est l’erreur que j’ai commise en début de quinquennat.”
Un retour en arrière de décisions qui n’a pas plus à tout le monde.
Au cours de l’année 2022, 5792 tonnes de glyphosate ont été vendues. Malgré ce chiffre impressionnant, il est néanmoins en baisse de 25% par rapport à l’année précédente.
Aujourd’hui, le glyphosate est interdit chez les particuliers mais continue toujours d’être utilisé dans le secteur de l’agriculture.
La France peine toujours à trouver une solution, et à ainsi se positionner clairement. Elle s’est d’ailleurs abstenue lors du second tour de la proposition de loi. Il en est de même pour la Belgique et les Pays-Bas qui ont décidé de suivre cette même voie.
Entre interdiction, regret, et maintien concernant ce pesticide, le sujet reste délicat.
Rendez-vous en 2033
Le sujet du glyphosate représente un enjeu économique et écologique majeur pour l’Europe.
Les lobbys de l’agro-alimentaire comptent parmi les plus puissants au monde et un consensus apaisé au sein de l’Union semble difficile.
D’un autre côté, les associations écologiques et les scientifiques (selon un rapport d’étude de l’INRAE datant de 2023) protestent. Ils dénoncent l’utilisation de cette substance, jugée comme anachronique et ne servant que l’intérêt de groupes privés, au détriment de la population.
Ainsi, après avoir été prolongé de 5 ans en 2017 et de 10 ans en 2023, le glyphosate semble avoir de longs jours devant lui.
Alice Delanoë.
Source:
Ouest France, Toute l’Europe, France Info avec AFP, Reporterre, INRAE, Vie publique