Après avoir été hospitalisé en Allemagne à la suite d’un empoisonnement, le principal opposant politique de Vladimir Poutine est revenu ce dimanche 17 janvier à Moscou où il a immédiatement été arrêté.
D’avocat à ennemi n°1 du Kremlin
Elevé dans une famille modeste, l’homme de 44 ans devient avocat puis se fait connaître en vue des élections législatives de 2011. Il organise alors en décembre une manifestation pour dénoncer les fraudes électorales. Il prône une politique anti-immigration et approuve l’annexion de la Crimée par la Russie. Ce qui ne l’empêche pas de régulièrement dénoncer la corruption au sein du gouvernement de Vladimir Poutine via différents médias qu’il crée pour faire face à la censure. Son action militante lui vaut quelques séjours en prison mais le 20 août dernier, il a été empoisonné lors d’un vol vers Moscou puis hospitalisé en Allemagne où il est tombé dans le coma.
La Russie accusée d’être responsable de l’empoisonnement
Les médecins allemands sont formels : Alexeï Navalny a été empoisonné au Novitchcok, un poison mortel déjà utilisé par l’URSS dans les années 80. La Russie est donc fortement suspectée d’avoir commandité cette opération, elle qui est régulièrement accusée de vouloir faire taire ses opposants y compris à l’extérieur du pays. La tentative d’empoisonnement de l’ancien agent russe Sergueï Skripal sur le sol britannique avait déjà provoqué l’indignation des pays européens en mars 2018. Malgré des sanctions de la part de l’UE envers certains haut-responsables russes ayant commandité l’empoisonnement, la Russie continue de nier toute accusation malgré plusieurs enquêtes qui confirment la responsabilité des services secrets russes.
Un retour en Russie suivi d’une arrestation
5 mois après son empoisonnement, Alexeï Navalny décide de revenir à Moscou où il a immédiatement été accueilli par les services pénitenciers russes. Ces derniers accusent l’opposant de ne pas s’être présenté pour exécuter une peine de prison en décembre, date à laquelle Navalny était encore en convalescence dans un hôpital allemand. L’UE dénonce une arrestation “inacceptable” et exige sa libération. « Ne vous taisez pas, résistez, sortez dans la rue » déclare M. Navalny dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Il appelle le peuple russe à manifester le samedi 23 janvier avec un objectif : faire entendre les voix contestataires en vue des prochaines élections législatives de septembre. L’homme de 44 ans est détenu pour 30 jours en attendant sa nouvelle audience le 29 janvier.
Etienne Delattre